Souvenirs de voyage

CARNET DE ROUTE N°1

1er mai 2012

Parti de Cotonou à 14h15, nous sommes descendus à Lomé à 13h35 locales.

Le trajet a été modifié. L’escale par Lomé pour faire le plein  de Jet A1 (carburant pour aéronef) : le steward me l’a dit, buste incliné. Je crois qu’il est métis. D’ailleurs ça se voit. Ou alors un touareg, peulh, nord sahélien…

Par contre, son sourire laisse paraître de petites dents cassées, jaunes, noires…

15h10 à Cotonou et toujours Lomé. J’ai aperçu le Commandant sur le tarmac, se dirigeant vers le hall marqué « C ». Je suppose qu’il s’en va signer les papiers du ravitaillement en carburant car il a à ses côtés un autre monsieur tenant lui, une liasse de paperasse.

Pendant ce temps je vais faire pipi…

J’ai fait pipi. L’eau est bleue comme du détergeant. Comme on le dit au Bénin : « ils ont mis un produit dedans »

15h20. Le Commandant yovo arrive. Je l’aperçois par le hublot. Il est avec quatre autres personnes de la sécurité aéroportuaire. Peut-être. Deux ont porté un gilet couleur fluor à bandes bleues tandis que les deux autres sont simplement vêtus de tissus Wax.

Le haut-parleur crache : « fermeture de….Merci ». je crois qu’on s’en va.

Les gilets fluor et Wax sont descendus. L’escalier amovible est parti, tracté par le petit véhicule habituel.

Dans 3h40 nous serons à Dakar. Les consignes et gestes de sécurité nous sont encore montrés : « la ceinture de sécurité s’attache, s’ajuste et se détache de cette façon… » etc.

Nous sommes environ 10 passagers. De ma place 15A, je dénombre deux personnes derrière moi, deux personnes à gauche : 14E et 15E. Devant, un baba au 6D, un jeune homme au 6A, un autre au 6C et un autre au 7C. Je ne sais pas s’il y en a en Classe Affaire. Je vérifierai à Dakar…

15h33 à Cotonou : nous démarrons.

15h38 à Cotonou, la 15-293 Mc Donnell Douglas de Air Mali vient de prendre son envol pour Dakar Léopold Sédar Senghor. J’aperçois les immeubles de Lomé, minuscules. Nous survolons Sarakawa côté mer. Je vois la piscine….

17h05 à Cotonou. Nous sommes toujours là-haut, entre ciel et terre. Quelques secousses. Des secousses. Encore des secousses. Secousses en continues. 17h07 : zone de turbulence annoncée : le voyage se poursuit. Par-delà le hublor ; le vide est blanc. Epais comme un voile par temps d’harmattan.

18h37. Nous amorçons la descente sur Dakar…

Dakar ! ouf.

La navette nous a déposés au hall de débarquement. J’ai rempli la fiche et aidé un commerçant à remplir la sienne. C’est un jeune homme né en 1988. Il est illettré et habite Pikine. Je ne sais plus comment il s’appelle. Diallo ? Je ne sais plus. Je me suis rangé du côté des passagers en transit pour me rendre compte qu’en fait, je suis le seul. Là, quelle n’est pas ma surprise !

L’agent de Police me regarde longuement et me demande où je vais. « Conakry » répondis-je. « Et vous repartez par Senegal Airlines » ; j’acquiesçai d’un  « oui » de la tête.

Alors elle courut devant moi à  la porte ‘’A’’ s’enquérir… Je ne comprends pas ce qui se passe. De quoi vais-je me rendre compte… ? Yégué je craignais le pire. Non, ce ne doit pas être ce à quoi je pense. Noooon !

  • « Moeussieur, fit-elle dans son accent wolof, ils ont déjà embarqué. L’avion est prêt pour décollage ! »
  • Comment !!? fis-je, surpris.

En un clin d’œil, les rues de cadjèhoun, de Houéyiho et de Mènontin me vinrent à l’esprit avec leurs zemidjan bruyants. Yégué j’ai râté mon vol !

  • Mais qu’est-ce qui s’est passé ? Air Mali est voenu (accent wolof) en retard.
  • Nous avons fait escale à Lomé pour le plein de carburant et nous voici à Dakar. Et et et … et moi il me faut bien continuer sur Conakry ! » prononçai-je, perdu.

En ce moment précis une chanson me vint à l’esprit « I am a Jamaican in New York ». Je me moquai et ris de moi en me traitant de SDF !

Voilà le début de ma mésaventure avec la 15-293 Mc Donnell Douglas qui m’a posé en retard à Dakar. L’agent de Police se propose de m’accompagner à l’agence de voyage. Mais avec les appels téléphoniques qu’elle recevait, je pris les devants. Le monsieur de la Compagnie de Voyage ne put rien pour moi car « nous ne vendons pas les billets », m’expliqua-t-il. Il m’indiqua les bureaux de la AHS (Airport Handling Services) où je me suis rendu. Les trois dames  à qui j’ai raconté mon déboire m’ont expliqué que seule AIR MALI pouvait m’aider. Mais Fête du Travail oblige, l’agence est fermée et le Chef d’escale n’est pas joignable. Il est 18h07 à Dakar ce 1er mai 2012. Zankou je dormirai dans la rue…

Je redescendis et refis le même trajet en compagnie de l’agent de Police, elle agrippée à son téléphone. Dans un dialogue en wolof avec quelques rares mots français, un contact a été pris et la personne appelée. A la fin du dialogue, on m’expliqua que je devrai attendre le retour de l’adjoint du Chef d’Escale AIR MALI. Le titulaire du poste, un certain M. DIOP n’étant pas joignable.

« Si vous l’attendez jusqu’à tard et qu’il ne vient pas, il faut gueuler les dames-là. Parce que c’est incroyable et inconcevable qu’on ne puisse pas s’occuper de vous. Il m’a dit que AIR MALI va régler vos frais. Vous devez donc présenter vos factures pour 25000 FCFA et ils vont vous rembourser ». Je la remerciai et partis récupérer ma valise. Je dus patienter car l’agent en charge était allé aux toiletes. Il en sortit au bout de 7 minutes après ma venue, se frottant les mains et s’essuyant le visage.

Je revins prendre le contact de l’agent de Police : Madame Hélène SAGNA Tél : 773210649.

Je sortis du hall et retournai remplir les formalités de douane t de police à l’arrivée.

Dehors il fait frais. Je m’achetai une carte Sim Orange et appelai Cotonou. Je narrai ma belle mésaventure à mon épouse et lui expliquai ce que j’entendais faire. Les images du SDF du film UN PRINCE A NEW YORK me vinrent à l’esprit et j’en rigolai. Vais-je dormir sous des cartons et faire les poubelles de Dakar… ? Je passai des coups de fils à mes collègues du Sénégal et fus rassuré car ma situation virant au précaire, fut sous contrôle. Après maintes tentatives, je parvins à joindre Conakry pour comme on dit « signaler ma position ». Plus tard, Cheick GUEYE vient me récupérer dans le lot des bonnets et chéchias des Sérère, Wolof, et Toucouleurs Sénégalais, amassés à l’entrée de l’aéroport vendant cadenas, habits, cartes Sim et cartes de recharges. Des conducteurs de taxi aussi.

Avec l’accord de la Direction locale de mon employeur pour mon hébergement, je fus au NOVOTEL Dakar. Chambre 923. Je dinai, dormi autour de 1h32 de Cotonou. J’aurai ainsi raté ma présentation au Comité de Direction de Conakry. Mais tout concourt au bien de celui qui aime Dieu. Que toute Gloire Lui soit rendue. Amen. Je rappelai ma famille et parlai aux enfants.

Le lendemain 02 mai 2012, je fus à la porte A1, bien des heures avant l’heure et prêt pour l’embarquement. Hier j’avais confirmé mon billet sur le vol DN 1021 de Senegal Airlines. Je suis assis. Les passagers à destination de Bissau et Conakry viennent d’être appelés : il est 17h05 à Dakar. Départ à 17h30.

19H30 de Cotonou. Encore du soleil à Dakar. L’avion est plein à craquer. Toutes les places sont occupées. Des bagages n’ont pu être rangés convenablement. Je vois des valises, des mallettes, des sacoches, des ballots posés sous les pieds. Nous ferons Conakry avant Bissau.

20H50 : Conakry.

A suivre…

 

7 commentaires sur “Souvenirs de voyage

  1. Comme je l’avais écrit, tu es super Fulgencio. Merci de réveiller en moi la flamme de la rédaction. Même je viens pas à ta cheville, je t’emboiterai le pas, question de remplir mes temps creux. Encore, merci Frangin!

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  2. J’ai hâte de lire la suite.
    Le retour de Conakry était-il facile?

    [les rues de cadjèhoun, de Houéyiho et de Mènontin me vinrent à l’esprit avec leurs zemidjan bruyants.]. Drôle de rappel: a flin houé… sourire

    Merci

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